En ce moment, je revis une lune de miel avec les mots.

Il-y-a "La libellule de ses huit ans", qu' il faut absolument pas que j' oublie de lire, "Une fièvre impossible à négocier" enfin fini, qui m'a mis une douce rage, que j'ai dévoré et dont je parlerais sans doute dans un autre post, parce qu'il le mérite.
J'ai laissé tombé au milieu un Ogawa, bien la première fois, je sais pas, je l'ai trouvé un peu languissant. Faire comme quand j' étais môme, en lire plusieurs en même temps, un autre qui raconte le voyage de trois jeunes en Italie, en été, dans une bagnole emprunté au père de l'un d' entre eux. C' est officiellement un roman pour adolescents, mais c'est bien.
Et puis : "Rosie ou la goût du cidre " dont le résumé et les premières phases m'ont tant accrochée.
Se dire qu'on va à nouveau se noyer de mots, se laisser emporter par le lyrisme de certaines phrases, l' évidence de certaines autres, se sentir remplie de quelque chose qui a toujours tellement fait partie de soi.
Du coup, et c'est sans doute lié, mon Roman avance, également.
J' en suis arrivée il-y-a deux jours à un passage pour le moins capital : une scène d' amoûuur entre les deux personnages principaux. Et là, c'est le défi : parler d' amour d' une façon qui n'est jamais été dite, ne tomber ni dans le graveleux, ni dans le guimauve-rose bonbon.
Hier, quand mon copain Vin Zzz est passé me voir après son boulot, je lui ai juste lu une phrase "d'après l' amour" écrite quelques heures avant, lui dire en riant que je me suis un peu lâchée, là :" Ensuite ils ont pique-niqués, sur les draps bleus. Comme deux mômes perdus mais heureux, qui léchaient leurs doigts les yeux brillants, comme si le lit était une île, et tout autour l' océan."
Visiblement il n'a pas trouvé ça ridicule, c' est déjà ça.
[D' ailleurs merci Vinzzz. Je sais que tu vas dire : de rien, mais je suis juste tellement contente de partager enfin ça avec un ami, le goût des mots, les conneries qu' on se dit pour s' empêcher d' avancer, et le sentiment terriblement narcissique d' être un peu "Dieu" lorsqu' on écrit.]
Je crois que dans l' ensemble, je m'en suis pas trop mal sortie. Mais ce n'est pas fini. Parce qu' un roman, ça peut pas faire juste quatre-vingt pages.
Et puis après, il faut : relire, sans fin,débusquer les moments de retombée, les passages plus faibles, mettre son égo dans une poche et puis biffer une phrase pour la réecrire. Mieux.
Du moins c'est le but.
Mes personnages m' habitent à nouveau. Je pense à eux, à leurs êtres, à leur âmes, j' essaie de négocier avec mon imagination des moments plus agréables pour eux, parce qu'ils le méritent bien, merde, peut-être parce que je me sens coupable de leur créer une histoire si dure, savoir par avance que ça ne va pas vraiment bien finir. Ou alors en queue de poisson.
J' voudrais y arriver. Je voudrais vraiment, vraiment le terminer avant mes vingt-sept ans. Un truc symbolique à la con, sans doute.