Nina je l'aime. Même si elle sort de mon imagination, mais comment vous expliquer, une fois que vous les avez plus ou moin définis, vos personnages, ils ont leur vie propre, ils existent.
Si.
Ca remonte à déjà loin. Le jour où je me suis rendue compte que les personnages de mes romans devenaient un peu comme des présences amies, réconfortantes, des gens à qui penser, des gens à qui ont veut du bien malgré les aléas de la vie qu'on leur fait subir.
Je n'étais pas SI seule, petite pourtant.
Il y avait ma Mère, il y avait ma soeur, il y avait mes grands-parents.
Il y avait quelques amis de classe...
Mais à l'adolescence, tout s'est embrouillé, tout a empiré.
Et quand vous ne vous sentez pas à votre place, pas "comme les autres", vous préférez nettement rester avec vos propres pensées, plutôt que de les confronter aux autres.
Nina, je l'imagine très bien.
Nina, elle ne me ressemble absolument pas du tout. Ni physiquement, ni moralement.
Mais il y a quand même un peu de moi en elle, parce qu'il y a toujours un peu de vous dans ce que vous créez.
Et puis je la comprends, toujours, parce que c'est moi qui ait choisi ses faiblesses.
Il ne me reste plus que quelques pages à la faire vivre. C' est si étrange, comme impression.
Pourtant je sais qu'elle ne va pas cesser d' exister pour autant.
Que, plus tard, je repenserais à elle, j' me demanderais ce qu'elle est devenue ce qu'elle pourrait devenir.
Mais elle sera quand même fichtrement loin.

"Il avait pris le volant, avec le visage de Nina et ses jolis genoux dénudés à ses côtés.
Au début, dans la voiture il avait pu sentir flottant dans l’air l’ odeur de pomme si caractéristique de son shampoing, et puis Nina avait ouvert la fenêtre, et un vent frais s’ était engouffré à l’ intérieur et avait tout emporté
Tout au long du trajet, par les petites routes, elle avait chanté joyeusement sur la musique diffusée dans la voiture, peut être bien que ça l’ aidait à tenir les oiseaux noirs à distance, et elle ne chantait pas réellement juste, mais sa voix, fragile et un peu éraillée, restait toujours étrangement douce et mélodieuse, avec ce quelque chose qui bousculait l’ âme de Loup.
A de nombreuses reprises il aurait aimé pouvoir lâcher le volant et prendre son appareil photo pour immortaliser ce moment là, cette attente excitante de l’après, et ses yeux noirs qui pétillaient tandis qu’elle chantait ainsi…"