En ce moment, tu fais des heures sups, parce qu'on est en Août, qu' il y a moins de personnel, tout ça.
Alors, tous les jours ou presque, tu avais perdu l' habitude, il faut se lever pour aller travailler.
Souvent, le matin, tu te demandes à quoi ça rime. Tu as l'impression que ta vie n' est qu' une routine immense, sans but réel, alors que tu voudrais que ça pétille.
Tu soupires parce que tu sais que tu va prendre le même métro, suivre le même trajet, pour aller faire le même travail, alors que tu n' en a même pas envie.
Dans le métro, tu as toujours les écouteurs de ton i-pod sur les oreilles. D' ailleurs tu es persuadée que tu ne pourrais pas aller travailler si tu l'avais oublié, ou s'il n' avait plus d' energie. C' est un peu devenu ton doudou d' adulte.
Tu mets la musique que tu aimes, souvent Les Wriggles, parfois Debout sur le zinc, Volo, parfois Sanseverino. Tu fermes les yeux pour mieux apprécier les mélodies, les voix qui se mêlent et s'emmêlent, pour rester dans ta bulle. Tu te fais toute petite et tu te serres bien contre la vitre, pour éviter tout contact avec les gens, parce que tu ne supportes juste plus ça, toute cette proximité avec des personnes que tu n' connais même pas.
Tu t'enerves dans ta tête quand quelqu' un parle fort, ou qu' un portable sonne à côté de toi. Peut être parce que tu ne supportes pas que ça te ramènes à la réalité.
Comme un automate, tu sors du métro et tu marches dans les couloirs pour en prendre un autre.
Tu connais le nom des stations traversées par coeur. Tu fermes les yeux, toujours. De temps en temps, une des chansons que tu écoute te donne la chair de poule, ou te colle un léger sourire aux lèvres et un court instant, ça va mieux.
Tu réfléchis aussi, tu penses au sens de ta vie, si il y en a seulement un ?.
Au travail, encore, tu te répètes. Les mêmes phrases, les même gestes pour les papiers cadeaux. Vous pouvez retirer votre carte bleue, voilà vos tickets, merci au revoir et à bientôt.
Le soir c'est encore pire dans le métro parce que les gens t' on déjà saoulés, la journée.
Parce que t'es fatiguée. Y' a toujours toujours plein de monde sur la ligne que tu prends, tu essayes de pas trop te faire écraser, tu fermes les yeux et tu te concentres sur la musique qui rentre dans tes oreilles.
T' as envie de tuer les personnes qui parlent plus fort que ta musique, qui rentrent dans la rame alors qu' elle est déjà archi pleine, ceux qui téléphonent, ceux qui se serrent bien contre toi alors que y' a de la place plus loin, ceux qui rentrent avant de laisser sortir les autres, ceux qui marchent à deux à l' heure.

TOUS les gens t' enervent.
En rentrant chez toi tu te demandes d' où peut bien te venir toute cette aggressivité.
Qu 'est ce que tu pourrais faire pour la contrer, l ' atténuer.
T 'en sais trop rien. Peut être pratiquer un sport pour te défouler, hahaha.
Ou peut être arrêter de bosser dans le commerce, juste.
Sans doute que c' est pas vraiment ton truc.
Alors tu te dis, putain, qu' est ce que c' est ironique, la vie.

Tu bosses toute ta vie pour payer ta pierre tombale,
Tu masques ton visage en lisant ton journal,
Tu marches tel un robot dans les couloirs du métro.
Les gens ne te touchent pas, il faut faire le premier pas.
Tu voudrais dialoguer sans renvoyer la balle.
Impossible d'avancer sans ton gilet pare-balles.

Antisocial... 

Peut être que la chanson est partie du même constat que toi.